Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/172

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avant-scène. Tu as été élevé avec Régina, dont tu es parent… À cette amitié enfantine a succédé une habitude d’intimité entre vous, qui, à mesure que vous avez grandi, s’est changé en amour… Est-ce bien cela ?

— Oui… amour tendre, passionné chez moi — reprit Robert ; — mais froid, grave et réservé chez Régina…

— Très-bien… vous avez ainsi atteint, elle sa seizième année, toi tes dix-huit ou dix-neuf ans, — reprit Balthazar ; — vous vous voyiez aussi souvent que l’autorisaient vos relations de famille, et vous continuiez de vous aimer, elle d’un amour de chaste pensionnaire, toi d’un amour de collégien… candide… vous promettant, comme cela se dit entre innocents, de vous aimer toujours… de n’être jamais que l’un à l’autre.

— Mais à une condition… — dit Robert.

— Quelle condition ?… tu ne m’en avais pas parlé.

— Régina m’a juré de n’être jamais qu’à moi, — reprit Robert de Mareuil, — mais à la condition que je vengerais un jour la mémoire de sa mère…

— La venger… de quoi ? — demanda Balthazar de plus en plus surpris, la venger… comment ?

— Régina ne s’était pas expliquée davantage… plus tard, elle devait compléter cette confidence… mais nous avons été séparés par suite d’une rupture entre nos deux familles. Or voici ce que tu ne sais pas, Balthazar, — ajouta Robert de Mareuil : — Lors de notre dernière entrevue… Régina me dit, d’un ton solennel : « On nous sépare… mais l’on ne peut séparer nos