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cuivre adaptée au couvercle, et je suivis le voyageur qui me précédait, marchant à grands pas.

En faisant tous mes efforts pour ne pas me laisser distancer, malgré le poids dont j’étais chargé, je trébuchai sur une pierre ; ce brusque mouvement dérangea l’équilibre de la malle que je portais sur mon épaule, et je fus forcé de la laisser presque tomber à terre. En me baissant pour la relever, j’aperçus une adresse écrite en grosses lettres sur une carte fixée au couvercle de la malle ; j’y jetai machinalement les yeux, et je lus :

Le comte Robert de Mareuil.

Ce nom me rappela et les demi-confidences que l’inconnu m’avait faites la veille dans son ivresse, et le souvenir de la scène de la forêt de Chantilly… Ce voyageur était donc l’ami d’enfance de Régina, le rival dont parlait l’inconnu.

Au moment où je faisais ces réflexions, tout en rechargeant la malle sur mon épaule, j’entendis un grand tumulte ; je vis à quelques pas un nombreux rassemblement ; bientôt le groupe s’écarta, le voyageur dont je portais le bagage s’avança vers moi en disant d’une voix altérée à deux hommes qui semblaient le surveiller et ne pas le quitter d’une semelle :

― Vous voyez bien, Messieurs, que j’ai des effets à attendre…

― C’est bien, Monsieur le comte, ― dit un des deux hommes, ― vos effets seront transportés dans le fiacre… Allons, avance, ― ajouta cet homme en me faisant signe de le suivre.

Nous traversâmes la foule ameutée, où j’entendis