je devins pourpre, et au lieu de lui dire, chose bien simple pourtant, que, devant moi, le prince était sorti du salon de tableaux, je restai muet, aussi péniblement troublé que si j’avais été coupable. Sentant néanmoins le danger de ma position, j’allais faire un effort pour éloigner de moi tout soupçon, lorsque la princesse me dit sèchement :
— Vous demanderez ma voiture pour huit heures et demie…
Et la princesse, après avoir un instant chauffé ses pieds au feu de son parloir, entra dans la galerie de tableaux qui précédait sa chambre à coucher, et disparut.
Navré de ma maladresse, je descendis chez le portier afin d’exécuter les ordres de ma maîtresse ; les gens d’écurie prenant leur repas chez M. Romarin, c’était le nom du maître de la loge, je pouvais remplir ma double commission.
M. Romarin, poudré à blanc et habillé en grande livrée, homme important s’il en fut, se chargea de prévenir le cocher de la princesse, et me remit deux lettres dont l’une venait d’être apportée à l’instant même de la part de Mme Wilson ; avec cette lettre, le portier me donna trois magnifiques bouquets de bal soigneusement enveloppées, et me dit :
— L’un de ces bouquets a été apporté avec ce carton de fleurs, que le garçon de la fleuriste de Mme la princesse… les deux autres bouquets l’ont été par des commissionnaires qui n’ont pas dit de quelle part ils venaient.