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dehors l’on poussa dans la chambre un petit papier à l’aide d’une lame de couteau longue et acérée ; après quoi les pas s’éloignèrent, la porte du corridor se referma.

Je jetai les yeux sur le papier que l’on venait d’introduire par-dessous la porte ; il était plié en deux ; je le ramassai, je l’ouvris, j’y lus seulement ces mots écrits au crayon, avec cette orthographe :

— Demin, — 1 heure du matin, — on atand… cai prai.

Après un moment d’hésitation je remis le papier près du seuil de la porte ; il s’agissait sans doute de quelque coupable rendez-vous.

Ce nouvel incident redoublait encore mon désir de fuir cette demeure. Afin d’être prêt à tout événement, je revêtis, malgré ma répugnance, ces habits qui ne m’appartenaient pas ; j’ouvris ensuite la fenêtre en la débarrassant des objets qui l’obstruaient. Elle donnait sur une cour, et était élevée au-dessus du sol d’au moins vingt-cinq ou trente pieds. Aucune fuite n’était, quant à cette heure, praticable de ce côté.

Après quelques moments de réflexion, je m’arrêtai à une détermination violente : dès que le cul-de-jatte ouvrirait la porte, je me précipiterais sur lui, et malgré les vives douleurs que je ressentais encore, suites de la rixe de la veille, je comptais assez sur ma résolution et sur mon agilité pour sortir de cette chambre de gré ou de force.

À cet instant même des pas résonnèrent dans le corridor… je m’armai de courage… prêt à m’élancer dès que le cul-de-jatte ouvrirait la porte, mais quelle fut