— Je savais ça. J’ai rencontré le camarade qui revenait d’ici… Tu as lu ce billet ?
— Je vous dis que je veux mes habits, et que je veux sortir d’ici…
— Calme-toi… et écoute-moi… Si tu veux être bon garçon, voilà ce que je te propose… Je t’installerai dans deux petites chambres gentiment meublées. Tu n’es déjà pas mal vêtu. Je te nipperai complètement. Un traiteur t’apportera tous les jours à manger ; je ne veux pas que tu aies d’argent en poche dans les premiers temps… Plus tard, si tu vas bien… tu en auras… je t’en réponds…
— Et en échange de ces bienfaits, — dis-je au cul-de-jatte avec un sourire amer, — qu’attendez-vous de moi ?…
— Trois ou quatre heures de ton temps chaque jour, pas davantage ; le reste de la journée… tu flâneras… tu feras ce que tu voudras…
— Et ce temps ? à quoi l’emploierai-je ?
— Je t’ai dis que j’avais besoin d’un commis ; tu seras mon commis.
— Votre commis ?
— Écoute : jouons cartes sur table… depuis une huitaine, je vais sur le port et ailleurs… afin de trouver quelqu’un qui me convienne, je n’ai pas de chance… toutes figures, qui, rien qu’à la mine, mettraient en arrêt les limiers de police… et puis des manières !! Toi, au contraire, tu arrives de province, tu n’es pas connu, tu as l’air honnête, au besoin tu es crâne… et tu tapes dur… tu me vas donc comme un gant, pourquoi faire ? voilà : Je suis, comme tu vois, encombré de