Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/74

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vaut encore une vie déshonorée qu’une mort déshonorée… et la déchéance est à jamais accomplie, et vous vivez dans votre infamie.   .   .   .   .   .

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J’arrivai chez le cul-de-jatte, il m’attendait.

— Tu as fait chou-blanc, — me dit-il en riant aux éclats ; — tu ne me rapportes pas le plus petit homme charitable à empailler ?

— Je serai votre commis, — lui dis-je avec une sombre résolution.

— Demain ?

— Demain.

— À la bonne heure. Cordieu ! Voilà l’ordre de notre marche : Je comptais que tu me reviendrais ; j’ai trouve aujourd’hui une fin de bail, un petit appartement tout meublé. Je me suis arrangé pour les meubles ; demain, nous irons le voir ensemble. Tu diras qu’il te convient, tu signeras un bail, le propriétaire est prévenu. Je ferai les conditions avec le traiteur pour tes repas ; tu ne manqueras de rien, seulement, pour te mettre en haleine et me donner une garantie, tu iras mettre demain toi-même une montre au Mont-de-Piété ; après-demain, tu auras congé, mais ensuite nous commencerons nos opérations…

— Très-bien, lui dis-je, — mais j’ai faim et j’ai sommeil.

— Je t’attendais pour souper. Voilà des vivres qui valent mieux que du pain et du lait ; voilà un bon matelas. Je reprends mon lit cette nuit, mon âge me le permet, jeune homme…