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CHAPITRE VIII.


les commissions.


Sans jouir d’une position assurée, je vivais du moins depuis quelques mois, délivré des contacts odieux, horribles, dont j’avais été souillé, grâce à la protection de mon ami, le cocher de fiacre ; j’étais commissionnaire médaillé à la porte d’un hôtel garni de la rue de Provence ; chose incompréhensible et bien douloureuse pour moi, je n’avais reçu aucune réponse de Claude Gérard, à qui j’avais fréquemment écrit ; la veuve de M. de Saint-Étienne avait aussi gardé le silence ; j’attendais avec impatience le retour de la belle saison, espérant trouver de l’occupation comme charpentier. Mon métier de commissionnaire me plaisait médiocrement ; il avait un côté de domesticité dont je me sentais souvent blessé… Pourtant, bien des années de ma vie devaient se passer dans la domesticité… Cette contradiction s’expliquera bientôt.

La seule compensation (et, je l’avoue, elle était assez grande) de cette servilité consistait, pour moi, dans un certain plaisir d’observation, faculté très-dé-