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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/192

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Just… à lui à qui elle devrait la réhabilitation de la mémoire de sa mère… j’étais à-peu-près résolu de faire pencher la balance en faveur du capitaine… Pourtant, songeant à l’extrême responsabilité que je prenais sur moi, je voulus, dans un dernier entretien avec le prince, m’assurer si véritablement il n’y avait plus rien à espérer de lui… pour le bonheur de Régina.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

M. de Montbar, sorti de la salle sous la protection des gendarmes, demanda un peu d’eau fraîche pour étancher et laver le sang dont sa figure était couverte ; sa physionomie me parut morne, sombre ; sans doute, la scène dans laquelle il venait de jouer un si pénible rôle, lui était doublement odieuse, parce que, moi aussi, j’avais été acteur et témoin, moi qu’il prenait pour un de ses égaux, moi qui déjà possédais quelques secrets dont la divulgation pouvait lui être si pénible.

— Maintenant, Monsieur, — me dit-il, dès que nous fûmes hors du bal, — vous allez, je l’espère, me dire votre nom… Que je sache au moins, — ajouta-t-il avec amertume, — qui je dois remercier du secours inespéré, sans lequel j’étais écharpé par ces misérables. Une fois ma dette de reconnaissance acquittée, Monsieur… — reprit le prince d’une voix altérée, avec une animation croissante, — j’aurai à vous demander compte… des outrages…

— Monsieur, — dis-je au prince, — permettez-moi de vous interrompre… Il n’est pas prudent de rester à la porte du cabaret que nous venons de quitter… il pleut. Je m’étais précautionné d’un fiacre pour toute la nuit… Faites-moi la grâce d’accepter une place dans