Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/252

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reconnaissance qu’il a droit d’attendre de moi influe en rien sur ma résolution de me séparer de lui… Si j’y persiste… demain il part pour l’Italie… et me rend ma liberté… se confiant, pour le ménagement des convenances, à ma délicatesse… à la vôtre, Just… il l’a dit…

— Cette conduite est digne et noble… je l’avoue, — dit Just avec émotion, — mais alors…

— Mais alors n’est-ce pas, — s’écria Régina, — il est inexplicable que je ne vous dise pas : Nous sommes libres, réalisons ce rêve… si beau… si éblouissant que nous osions à peine y arrêter nos yeux ? Qui nous retient ? mon mari me rend ma liberté… j’ai retrouvé la tendresse de mon père… la mémoire de ma mère est vengée… Just… mon bien aimé… je suis enfin à vous… à toujours… à tout jamais !!…

— Régina… vous m’effrayez, est-ce du délire ?… mon Dieu !…

— Non, ce n’est pas du délire… mon mari m’aime… comprenez-vous maintenant ?

— Il vous aime ! — dit Just comme s’il n’avait pu croire à ce qu’il entendait.

— Oui… il m’a toujours aimée, toujours passionnément aimée…

— Lui ! — s’écria Just avec une expression de doute amer.

— Ah ! j’ai fait tout au monde pour ne pas le croire… allez !… — s’écria Régina — mais comment résister à ses larmes, à ses aveux… écrasants pour lui… et pourtant… touchants à force de franchise et de repentir… comment ne pas croire à son accablement, à son