Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/258

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essayer de regagner ton cœur… Quant à cela, je ne peux que te dire encore : M’aimes-tu ?

— Si je t’aime…

— Alors… à quoi bon cette tentative ?… Est-ce qu’il ne sait pas que tu n’auras jamais l’indignité de lui dire : — Essayez de vous faire aimer, — bien certaine d’avance qu’il n’y parviendra pas.

— Eh ! mon Dieu… — s’écria Régina avec un accent d’angoisse inexprimable, — est-ce que j’éprouverais ces déchirements affreux ! Si je savais que faire ? Si, comme vous, je pouvais prendre résolument un parti… Ça vous est bien facile, à vous… Mais moi je ne le peux pas… comme cela… tout de suite… Surtout quand je songe à…

— Régina, dit Just d’un ton de surprise amère. — Vous hésitez…

— Mon Dieu, — s’écria la pauvre créature que j’entendis fondre en larmes, — ne me parlez pas ainsi, ne me regardez pas ainsi… Vous savez bien que je vous aime… Oui, Just, je vous aime éperdument ; mon seul rêve serait de passer mes jours près de vous, toute à vous. Mais je ne peux pas non plus m’empêcher de penser qu’il m’aime aussi, lui… qu’il a bien souffert… qu’il souffre toujours… Il ne peut pas invoquer ses droits pour se faire aimer… je le sais bien… mais enfin ces droits, il pourrait en abuser, me rendre la vie insupportable… en me séparant à jamais de vous, ou me forcer à un scandale… qui maintenant m’épouvante… malgré mon amour pour vous… Enfin… Just… est-ce vrai cela ? ne pourrait-il pas nous faire bien du mal ?