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de ruban rose qui, placé à la pointe du corsage, jetait discrètement son ombre rosée sur la neige de cette ferme poitrine.

Basquine, alors debout devant sa glace, donnait aux légers anneaux de sa coiffure ce dernier tour… ce je ne sais quoi de négligé, de vrai, bien supérieur à l’apprêt et à la symétrie… Puis à l’aide d’une boucle de jais noir, elle serra plus étroitement encore le large ruban qui servait de ceinture à sa taille incroyablement mince et qui, pour ainsi dire, brisée dès l’enfance de Basquine, avait conservé une souplesse, une grâce dont l’incroyable flexibilité des danseuses espagnoles donnerait seule une idée ; Basquine pouvait comme elles faire onduler sa fine taille de couleuvre, à droite, à gauche, en avant, en arrière, se tordre enfin comme un serpent, pendant que ses larges hanches oscillaient à peine sous un voluptueux balancement.

Il était impossible de rencontrer un ensemble plus séduisant que celui de Basquine ainsi vêtue. Jamais Astarté ne l’avait vue attacher un soin si minutieux à sa toilette, et jamais aussi elle n’avait vu sa maîtresse si jolie.

La camériste ayant entendu frapper discrètement à la porte de la chambre à coucher, demanda :

— Qui est là ?

La voix de Leporello répondit en dehors :

— M. le vicomte Duriveau attend Madame dans le salon, et voici une lettre que l’on vient d’apporter pour Madame ; il n’y a pas de réponse.

Astarté entr’ouvrit la porte, prit la lettre que Leporello lui tendit, et la remit à sa maîtresse.