Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 7-8.djvu/395

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comte… tandis que Bamboche, les bras croisés sur sa large poitrine, continuait de contempler cette horrible scène avec une joie sauvage.

Soudain, un bruit sourd et encore confus qui semblait gronder au dehors de la maison, arriva jusque dans l’appartement ; bientôt après, des coups violents ébranlèrent la porte de l’allée, porte qui s’était refermée sur Martin.

Ce bruit n’attira pas l’attention du comte Duriveau, presque fou de douleur, de désespoir ; serrant toujours entre ses bras le corps inanimé de son fils, il poussait des gémissements convulsifs, des cris déchirants, inarticulés ; mais Bamboche, sans cesse en éveil, au premier retentissement des coups de plus en plus violents qui ébranlaient la porte, rejoignit Basquine au fond de la pièce où elle s’était retirée, obéissant aux ordres de Martin ; puis, entr’ouvrant une des fenêtres qui donnaient sur la rue, le bandit s’écria :

— La garde !! je suis pris… La police était à ma piste… on m’aura reconnu… et suivi pendant mon trajet de chez Basquine ici… S’ils m’arrêtent… — dit-il avec un ricanement féroce et ouvrant un large couteau poignard, — ça leur coûtera bon !

— Un meurtre ! — s’écria Martin en courant au bandit, — un meurtre… toi… jamais !

— Je suis à mon second ! — dit Bamboche avec une effrayante ironie en se dégageant de l’étreinte de Martin.

— Il est donc vrai !.. tu étais justement poursuivi… — murmura Martin, anéanti. — Tu as tué !!

— Mais, ce meurtre ? dit Basquine à Bamboche, en frémissant, — car il lui avait caché ce crime, afin d’ob-