Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/122

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— C’est ce qui fait qu’on vient de partout pour qu’elle conseille…

— Et qu’elle connaît la terre ! Elle n’a qu’à dire des paroles à ceux qui lui en demandent, et les plus mauvaises terres deviennent bonnes ; avec elle, il n’y a point de raides de sable[1] ! Mais faut l’écouter.

— Témoin la métairie d’ici, maître Chervin l’a écoutée ; l’an passé, ça a été une récolte superbe.

— Oui, ça lui a servi à grand’chose, à maître Chervin, son bail finissait ; le régisseur à M. le comte a vu cette belle récolte, et il a augmenté le bail d’un tiers et d’un pot de vin. Maître Chervin a signé, tout y a passé ; et, cette année, comme il ne peut pas payer… on le met dehors.

— C’est toujours pas la faute aux paroles de Bruyère.

— Oh ! non ! jamais elle ne se trompe !… Et qu’elle connaît les herbes ;… car, un temps, les herbures qu’elle faisait pour le père Jacques, l’ont soulagé… mais le mal finit par être le plus fort ; c’est si ostiné… le mal.

— Oui, — reprit la Robin, — mais il y en a bien d’autres qu’elle a guéris.

— Il n’y a que les fièvres, sur quoi ses paroles ne mordent pas.

— Elle dit que c’est les marais et les tourbières qui les donnent… les fièvres.

— Ah ! ah ! les marais qui donnent les fièvres ! — s’écria un des charretiers en riant d’un gros rire. — Pour ça, elle bêtise…

  1. Veines de terrain absolument aride, où le sapin et le bouleau ne croissent même pas.