Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/141

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maladies, et je viens vous demander de parler contre la maladie de mon pauvre petit que voilà.

Et elle montra son enfant couvert de haillons ; il était pâle et d’une effrayante maigreur ; ses yeux bouffis s’appesantissaient sous une somnolence invincible.

Bruyère secoua tristement la tête.

— On vous a trompée, ma chère dame… je ne sais pas de paroles contre les maladies des enfants…

— On dit pourtant dans le Val qu’au printemps passé vous avez parlé contre la maladie de toute une bergerée d’aigneaux, et que presque tous ont réchappé ;… faites pour ce petit enfant malade ce que vous avez fait pour les aigneaux, ma bonne chère fille, — dit naïvement la pauvre femme d’une voix suppliante. — Je vas vous conter comme c’est venu. Ce petit a toujours été, voyez-vous, plus chétif que ses deux aînés ;… mais enfin il se traînait… L’hiver, comme vous savez, a été bien dur… À l’automne mon pauvre homme avait pris les fièvres en arrachant des souches dans un terrain submergé ; ces fièvres, ça lui a coupé bras et jambes ; il est journalier ; pourtant il allait comme il pouvait… Mais notre met (huche) restait vide le plus souvent, sans quelques pannerées de pommes de terre germées qu’un bon voisin nous a donnés, nous mourions tout-à-fait de faim, et puis la dernière grand’foudre (ouragan) de février a emporté presque tout le chaume de notre toit ; il ne tenait plus quasi à rien ; mon pauvre homme est venu dans les bois de ce côté-ci du Val, couper des genêts pour recouvrir un peu notre