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martin à sa bonne mère.

L’autre portrait, ou plutôt l’autre tableau (car les accessoires lui donnaient une certaine importance) portait la date de 1845, son magnifique cadre de bronze, ciselé et doré, surmonté des insignes de la royauté, contrastait singulièrement avec la pauvreté de cette demeure.

Ce cadre splendide contenait le portrait en pied d’un roi… d’un roi régnant sur un peuple du nord de l’Europe ; ce prince, vêtu avec une simplicité bourgeoise, portait un habit bleu, un gilet blanc et une cravate noire.

La physionomie de ce souverain, jeune encore, exprimait un singulier mélange de haute intelligence, de résolution et de bonté ; son sourire était doux, quoiqu’un peu triste, comme si une connaissance précoce des hommes avait peiné son cœur, sans altérer sa bonté native ; son regard semblait à la fois pensif et pénétrant ; ses traits d’ailleurs manquaient de régularité ; les lèvres étaient épaisses, le nez long, le visage carré, les yeux seuls étaient superbes et d’un bleu lapis qui s’harmonisait à merveille avec une chevelure blonde très-courte, très-lisse, et une épaisse moustache de même nuance.

L’attitude, le caractère des traits de ce prince révélaient une simplicité, nous dirions une bonhomie extrême, si la bonhomie ne passait pour être incompatible avec l’énergie : sa stature robuste et élevée, sa poitrine saillante et carrée, ses épaules larges, son col charnu, ses mains musculeuses, offraient un