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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/192

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Perrine n’avait ouvert devant Bruyère la partie supérieure du meuble qui renfermait et cachait ce tableau.

Afin de mettre un terme à une position embarrassante, et d’attirer l’attention de Mme Perrine, la jeune fille toussa d’abord légèrement, puis plus fort, puis enfin elle dérangea bruyamment une chaise, voyant Mme Perrine toujours pensive et rêveuse. Au bruit soudain qu’elle entendit, celle-ci tressaillit, se leva, d’un brusque mouvement, referma vivement les deux vantaux du placard, pour cacher le portrait, tandis qu’en même temps elle se hâtait de faire disparaître dans sa poche les deux lettres et la miniature qui représentait le portrait de Martin ; se tournant alors vers Bruyère, elle lui dit doucement d’un air assez embarrassé :

— Bonsoir,… mon enfant,… je ne vous avais pas vue…

— Je suis entrée sans que vous m’ayez entendue… dame Perrine, — répondit Bruyère confuse de l’indiscrétion qu’elle venait de commettre sans le vouloir, — j’ai fait un peu de bruit pour que vous vous aperceviez que j’étais là ;… excusez-moi.

Mme Perrine tendit affectueusement la main à la jeune fille, qui la pressa contre ses lèvres.

— L’heure à laquelle vous venez ordinairement, étant passée, — reprit Mme Perrine, — je ne vous attendais plus, mon enfant.

Bruyère, voyant dans ces mots une occasion d’arriver aussitôt à l’entretien qu’elle se proposait d’avoir avec Mme Perrine, répondit d’une voix émue :