Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/195

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du père Jacques,… l’espoir qu’elles m’ont donné, me font, je crois, perdre la tête… Excusez-moi, dame Perrine.

— Allons ! ma pauvre enfant, — dit Madame Perrine en baisant Bruyère au front, — remettez-vous ;… causons… Tout-à-l’heure, à propos de votre entretien avec ce vieux berger, vous m’avez demandé conseil ?

— Oui, dame Perrine,… car, d’après ce que m’a dit le père Jacques, peut-être… un jour, pourrais-je connaître mes parents.

— Et comment ?

— Écoutez, dame Perrine, je suis une enfant abandonnée. Peut-être,… mon père,… ma mère,… ont été forcés, par la nécessité, de me délaisser ainsi…

— À moins qu’on n’enlève… un enfant à sa mère, et cela de force,… ou pendant qu’elle dort, une femme qui abandonne librement son enfant… est un monstre ! — s’écria Mme Perrine avec une exaltation singulière.

Et pour la première fois, depuis son entretien avec Bruyère, son pâle visage se colora d’une vive rougeur, ses yeux étincelèrent.

À peine la mère de Martin eut-elle prononcé ces mots, que Bruyère poussa un cri déchirant, couvrit son visage de ses deux mains, et tomba à genoux en criant :

— Grâce !!! grâce !

— Bruyère,… qu’avez-vous ?… Pourquoi me demander grâce ? — dit Mme Perrine en voyant l’effroi, la