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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/203

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Soudain, au loin,… et comme si ce bruit fût venu de l’extrémité nord de l’étang,… retentit, dans les airs, le cri de l’aigle de Sologne ;… mais la distance affaiblissait tellement ce cri, qu’il était à peine perceptible.

Cependant il frappa l’oreille de Bruyère, elle se redressa inquiète, attentive.

— Qu’avez-vous ?… — lui demanda Mme Perrine, qui n’avait rien entendu ; — que vous arrive-t-il, mon enfant ?…

Bruyère, toujours muette, immobile, fit de la main un geste suppliant à Mme Perrine, pencha la tête, et écoula de nouveau avec anxiété.

Elle n’entendit plus rien…

Soit que le cri n’eût pas été répété, soit qu’il eût été refoulé, par une des légères rafales de vent qui, soufflant de temps à autre dans une direction justement contraire, avaient apporté naguères et venait d’apporter encore le bruit de plus en plus rapproché de plusieurs chevaux lancés au galop.

— Mon enfant, — dit Mme Perrine, d’une voix qui trahissait l’angoisse et la souffrance, — je vous en prie, hâtons-nous, je ne me sens pas bien.

Ces mots rappelèrent Bruyère à elle-même ; en peu d’instants elle eut pratiqué une ouverture suffisante pour pénétrer dans la sombre cavité, mais Mme Perrine la saisit par ses vêtements, et lui dit :

— Mon enfant… prenez garde… il y a de dangereux serpents dans le pays… si quelque reptile était caché dans ce trou…

— Ne craignez rien, dame Perrine ; ce n’est pas