Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/205

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— Tout-à-coup la jeune fille poussa un cri perçant.

— Qu’y a-t-il ?… — dit Mme Perrine avec effroi. — Bruyère… en grâce… répondez !…

— Un petit coffre… dame Perrine !

— Et, presque aussitôt, la jeune fille, toute palpitante d’une joie inespérée, reparut à l’entrée de la voûte.

Un peintre aurait fait de cette scène un tableau d’une originalité charmante.

La vive clarté de la lune éclairait en plein Bruyère, qui, à genoux à l’entrée de la voûte, tenait le coffre entre ses bras ; les feuilles vertes des lierres, les rameaux des ronces empourprées par l’automne encadraient, de leurs souples guirlandes, le demi-cintre rempli d’ombres, au milieu desquelles resplendissait, inondée d’une blanche lumière, la figure de la jeune fille, immobile, agenouillée, les yeux noyés de larmes et levés au ciel avec une expression d’ineffable espérance.

Malgré son agitation, ses inquiétudes, et la curiosité mêlée de sollicitude que lui inspirait la découverte de Bruyère, Mme Perrine resta un moment muette à la vue de ce délicieux tableau.

— Merci, mon Dieu ! le père Jacques ne m’avait pas trompée,… peut-être je vais connaître ma mère,… disait Bruyère d’une voix palpitante d’émotion ; puis, d’un bond, elle fut auprès de Mme Perrine et lui dit :

— Voici le coffret…

Ce coffret n’avait de remarquable que sa forme, assez bizarre : il était rond, à fond plat et à couvercle bombé ; on voyait, à quelques lambeaux d’étoffe épargnés par le temps et par l’humidité, qu’autrefois il avait été recou-