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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/211

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pleurs et de caresses, — peu nous importe le reste ;… vois-tu ? tu es ma fille ;… que nous faut-il de plus ? Oh ! mon Dieu !… et moi qui disais tantôt : J’aurais été si heureuse d’avoir à la fois une fille,… et un fils à adorer… J’avais déjà un fils… Oh ! un digne fils !… Oh ! comme tu l’aimeras, ton frère !

— Une mère !… un frère !… — murmurait Bruyère, en rendant à sa mère larmes pour larmes, caresses pour caresses, bonheur pour bonheur.

Tout-à-coup Perrine Martin tressaillit, et dit tout bas à Bruyère, qu’elle tenait serrée contre son sein :

— On t’appelle !…

— Moi, ma mère ?

— Oui,… tiens,… écoute…

En effet, à travers un bruit de sabres traînants, de pas de chevaux, de grosses bottes ferrées, de cris confus, tumulte croissant que l’émotion de Perrine Martin et de sa fille ne leur avait pas jusqu’alors permis d’entendre, retentissait la voix perçante et importante de M. Beaucadet.

— Il nous faut Bruyère, — disait le sous-officier de gendarmerie, — au nom de la loi, que personne n’est censé ignorer, où est Bruyère,… je viens l’arrêter…

Il est impossible de rendre l’étreinte de maternité sauvage avec laquelle Perrine Martin, lorsque ces mots parvinrent jusqu’à elle, serra sa fille contre son sein, en s’accroupissant dans l’angle formé par les deux murailles du fournil, qui projetaient à cet endroit une ombre assez profonde.

— Arrêter… Bruyère, — criait la virile et bonne