Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/225

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— Je dis que j’ai été aussi coupable… plus coupable encore que cette malheureuse créature, car je ne suis pas seule et abandonnée comme elle, moi… J’ai une mère tendre et adorée… que je n’ai pas quittée depuis mon enfance… Eh bien ! cette mère… si tendre,… je l’ai trompée…

— Oh ! tais-toi…

— J’ai indignement abusé de sa confiance…

— Tu ne sais pas ce que tu dis… tu es folle… Raphaële, reviens à toi !…

— Non, non, je ne suis pas folle… — s’écria la jeune fille presque en délire ; — mais je le deviendrai… si je ne meurs pas de honte.

— De honte !…

— Moi non plus, je n’ai pas su résister à Scipion !…

— Malheureuse !…

— Qu’importe ?… Peccadille de jeunesse du vicomte Scipion,… dira le monde, n’est-ce pas, ma mère ? — murmura l’infortunée dont les forces étaient à bout.

Et cachant son visage dans ses mains, elle retomba sans mouvement sur sa couche.