Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/232

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d’un songe ? — dit Raphaële aussi surprise que touchée de cette confidence.

Mme Wilson secoua tristement la tête ; et comme si elle eût voulu échapper à des souvenirs pénibles, elle ajouta, en embrassant tendrement sa fille :

— Parlons de toi, chérie… Durant ce voyage, je recevais, tu le sais, chaque jour une lettre de toi ; tout-à-coup, tes lettres me manquent ;… ta tante m’écrit ; par elle la nouvelle de ta maladie m’arrive comme un coup de foudre… Je pars,… j’arrive : tu étais mourante…

— Ô ma mère !… tu aimais…… et tu es venue ;… je comprends maintenant le sacrifice que tu m’as fait !…

— Si je me suis dévouée pour toi, mon enfant, tu ne connais pas encore mon sacrifice… J’arrive,… je te trouve mourante ; tu me fais l’aveu de ta folle passion… Éperdue, voulant te faire vivre à tout prix,… je te promets de le marier à Scipion ;… l’espoir de ce bonheur, ton aveugle confiance dans ma parole, te causent une crise salutaire : tu renais, tu vis, tu es sauvée !… mais cette promesse, faite par moi dans le délire de la douleur, il me fallait la tenir ;… il me fallait t’unir à Scipion, ou tu retombais dans cet abîme de douleur et de mort dont je l’avais miraculeusement retirée par une promesse téméraire. Hélas !… je ne savais pas, pauvre ange, à quoi je m’étais engagée.

— Comment ?… mon mariage ?…

— Écoute… Une femme de mes amies connaissait intimement le père de Scipion, le comte Duriveau. Après un long entretien avec cette femme, je sortis