Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/241

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

scandale, ne voulût rompre une union qui seule assurait son mariage, à lui, avec Mme Wilson ; puis, parce que le bruit de cette scène déplorable dont Scipion avait été le principal acteur, venant à se répandre dans le pays, pouvait avoir la plus fâcheuse influence sur les projets électoraux du comte. Du reste, ce triste événement était encore complètement ignoré des convives rassemblés au château du Tremblay.

Cette demeure, bâtie à la fin du dix-septième siècle, et dominant la délicieuse vallée de la Sauldre, véritable oasis au milieu de ce pauvre pays, avait une apparence presque royale : le comte Duriveau y déployait un faste extraordinaire, et y tenait un très-grand état de maison.

Un immense vestibule où se tenaient une douzaine de valets de pied, poudrés et en livrée brune galonnée d’argent, fut d’abord traversé par les convives du comte qui passèrent ensuite dans un salon d’attente où se tenaient les valets de chambre, puis dans une galerie de tableaux au bout de laquelle s’ouvrait le salon de réception, magnifiquement doré et meublé dans le plus pur style Louis XIV.

Les longs rideaux de damas vert avaient été abaissés ; les candélabres et les lustres de bronze doré étincelants de bougies se reflétaient dans des glaces de quinze pieds de hauteur, au pied desquelles se voyaient de gigantesques vases de Chine, remplis des fleurs les plus rares.

L’heure de se mettre à table approchait. Le comte Duriveau, surmontant ses pénibles préoccupations, faisait seul, avec une politesse un peu hautaine, les