Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/246

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portant culotte courte, bas de soie et boucles d’or à ses souliers, ouvrit la porte du salon.

C’était Martin, le fils de Mme Perrine et du comte Duriveau…

Le portrait que Martin avait envoyé à sa mère était d’une ressemblance parfaite ; comme dans le portrait, il avait le teint brun, la physionomie ouverte, spirituelle, le regard à la fois pensif et pénétrant ; mais, un observateur eût alors remarqué quelque chose de contenu ; et si cela se peut dire, de voilé dans la physionomie de Martin, comme s’il eût senti la prudente nécessité de se montrer absolument l’homme de sa condition présente.

Le vicomte, assis de façon à faire presque face à la porte, vit entrer Martin et lui fit signe de venir à lui.

Martin s’approcha respectueusement du vicomte… son frère… avec un trouble intérieur que rien ne révélait, mais qu’il n’avait pu encore surmonter.

— Ah ça,… Est-ce qu’on ne dîne pas ? — lui dit Scipion.

— Pardon, Monsieur le vicomte… on sert…

— Faites-donc presser le service… J’ai faim, moi !

Et comme Martin, après s’être incliné, se dirigeait vers la porte, le vicomte le rappela.

— Martin ! dites au sommelier que je ne boirai que du vin de Porto… Qu’on m’en fasse tiédir deux bouteilles… à la température du vin de Bordeaux… de douze à quinze degrés, pas plus, pas moins.

— Oui, Monsieur le vicomte.

— Veillez aussi, — ajouta Scipion, — à ce qu’on