Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/263

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mide ; l’infortuné ne voyait plus rien qu’à travers un brouillard azuré ; le trouble et l’embarras le serraient à la gorge ; pourtant il fit un effort et ajouta :

— Monsieur le vicomte veut bien te demander… quelque chose… et tu… tu… refuses… mais ce n’est pas bien du tout… ça, ma belle…

— Ah !… voyez-vous, Madame… — dit Scipion, en se retournant vers la pauvre Chalumeau, qui se sentait mourir sous ses brandebourgs.

Puis, s’adressant au mari, Scipion ajouta :

— Voyons, Monsieur Chalumeau, priez vous-même Madame de ne pas me refuser ; elle vous écoutera peut-être… et si vous saviez ce que je lui demande, encore !!

— Je m’en doute bien… Monsieur le vicomte… Ça ne peut être que quelque chose… de… très-aimable… et de…

Le comte Duriveau était au supplice ; il interrompit M. Chalumeau, et lui dit, de l’air le plus riant :

— Je vais vous dire, moi, Monsieur, ce que mon fils a l’indiscrétion de demander avec tant d’instance à Mme Chalumeau… et ce qu’elle a parfaitement raison de lui refuser avant d’avoir eu votre consentement ; il lui demande pour moi votre suffrage aux élections prochaines…

— Comment, Monsieur le comte, — s’écria l’influent électeur ; — mais vous savez bien que ma voix et celle de mes amis vous est acquise…

Puis s’adressant à sa femme d’un ton de reproche formaliste et pénétré :

— Mais, ma belle, je vous l’ai répété cent fois,