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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/266

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dinairement vifs et brillants, étaient tout voilés de trouble et de langueur amoureuse.

— Ah ça ! maintenant, — lui dit tout bas le vicomte, — mon père et ces Messieurs vont parler politique en prenant leur café dans le jardin d’hiver. Toutes ces femmes-là me font horreur, tant elles me paraissent laides ou sottes… et c’est votre faute… Pourquoi êtes-vous spirituelle et jolie ?… Laissons-les donc… et allons voir la volière… c’est ravissant…

— Oh bien non, Monsieur le vicomte… oh ! pour ça… non !

— Que vous êtes méchante !… Vous me demanderiez cela… ou même quelque chose… de compromettant,… de venir dans ma chambre, par exemple, eh bien moi, je vous l’accorderais tout de suite ! Vous le voyez bien… vous ne m’aimez pas… comme je vous aime… — dit Scipion avec une mélancolique amertume.

— Mais… songez donc… si l’on nous voyait…

— Soyez tranquille… la volière est au fond d’une serre chaude qui donne dans le jardin d’hiver… Rien de plus simple que d’y aller… Seulement, nous y serons un peu plus seuls… et la solitude avec vous… ça doit être le bonheur…

À cette délicatesse, la trop sensible Chalumeau baissa les yeux, palpita tumultueusement sous ses brandebourgs, et Scipion, qui ne pouvait être vu d’elle, lui fit, en manière de moquerie, une mine insolente et railleuse.

Pendant ce rapide entretien, Scipion et sa voisine de table avaient, ainsi que les autres convives, traversé