Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/268

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qui serpentait à travers une pelouse immense semée çà et là de futaies séculaires. Un grand massif d’arbustes, bordant en dehors la principale façade du jardin d’hiver, s’élevait jusqu’au mur d’appui de l’une des fenêtres ouvertes, auprès de laquelle le comte Duriveau et ses convives s’entretenaient, pendant que Martin, debout, tenant un plateau de vermeil chargé de flacons, attendait les ordres de son maître.

Soudain, Martin tressaillit.

À la clarté de la lune, qui tombait en plein sur le feuillage touffu du massif d’arbustes groupés au-dessous de l’une des fenêtres, Martin venait de voir se dresser un instant la tête de Bête-Puante le braconnier, qui disparut de nouveau dans le massif, après avoir fait à Martin un signe d’intelligence.

Bête-puante arrivait en toute hâte de la métairie du Grand-Genevrier, où il s’était rendu par des sentiers détournés en même temps que Beaucadet et ses gendarmes.

À la brusque apparition du braconnier, qu’il savait avoir tant de motifs de haine contre le comte, Martin tressaillit si vivement que ce brusque mouvement imprimant une violente secousse au plateau qu’il portait, l’un des flacons tomba sur un verre et le brisa.

À ce bruit le comte, qui parlait alors à ses convives avec une extrême animation, se retourna vers Martin et, voyant le débris du verre, lui dit durement :

— Faites donc attention… maladroit.

— Pardon, monsieur le comte… mais…

M. Duriveau interrompit Martin avec hauteur :