Aller au contenu

Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/295

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Une vive lueur, accompagnée d’un bruit de sabre traînant et d’éperons retentissants, arracha le comte à ses pénibles préoccupations ; il retourna la tête, et vit, à la lueur d’une lampe que tenait un de ses gens, M. Beaucadet descendre majestueusement les degrés du perron.

Singulièrement contrarié de cette visite, le comte s’avança vers le sous-officier, et lui dit brusquement :

— Que voulez-vous ?

— Monsieur le comte, — dit Beaucadet d’un air grave et pénétré qui ne lui était pas naturel, — un grand malheur vient d’arriver.

— Quel malheur ?

— J’ai été à la métairie du Grand-Genevrier, afin de procéder à l’interrogation de la fille dite Bruyère, soupçonnée d’infanticide…

— Eh bien ?

— La malheureuse était coupable… car en me voyant, moi et mes hommes… elle s’est jetée dans l’étang…

— Grand Dieu !! — s’écria le comte.

— Et elle s’est noyée… — dit Beaucadet.

— Oh !… c’est affreux, — murmura M. Duriveau avec une expression d’horreur, en cachant sa figure dans ses mains.

— Je suis venu, Monsieur le comte, — reprit Beaucadet, — afin de vous…

— C’est bon… laissez-moi.

— Mais, Monsieur le comte…

— Laissez-moi, vous dis-je.

— Représentant de la loi… — dit Beaucadet de sa