Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/303

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passant. — Cette excuse t’aurait désarmé ; tu m’aurais donné ta bénédiction et nous aurions bu un flacon de rhum à la santé de la marquise de Saint-Hilaire, la belle de tes beaux jours.

— Soit, — reprit le comte, en tâchant de se relever de ce coup accablant. — J’ai eu tort de vous parler légèrement de quelques écarts de jeunesse que j’aurais dû vous taire, mais vous ne devez pas avoir l’audace de me les reprocher et ils n’autorisent en rien votre indigne conduite de ce soir, doublement blessante pour moi, car, vous saviez pourquoi j’invitais ces gens-là à dîner.

— Toi, député ? allons donc, pour être bon député, tu prends encore beaucoup trop de choses au sérieux…

— Que vous ne respectiez, ni ma maison, ni mes projets, — reprit le comte, sans relever le persiflage de son fils, — je n’ai pas le droit de m’en étonner,… mes exemples vous autorisent… Soit encore — ajouta le comte avec une profonde amertume. — Mais ce scandale n’est pas le seul d’aujourd’hui.

— Comment ?

— Ce malheureux enfant…

— Ce malheureux enfant ?

— Découvert tantôt… dans cette tanière.

— Eh bien ?

— Mais… Monsieur, c’est horrible !

— Quoi ?

— Votre action…

— D’avoir fait un enfant à cette petite ? Allons donc ! mais à ce jeu de paternité précoce tu dois me