Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/313

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bien obscur concours au gouvernement du Roi[1], etc., etc…. » Et en terminant mon speach ministériel, tu verras ma modestie, dernière insolence sérénissime, car j’aurai parlé avec un aplomb pyramidal. Écoute : — « Puis-je espérer que la chambre daignera pardonner à ma timide inexpérience… J’ose attendre cette bonté de la chambre,… car elle n’aura jamais pour moi autant de bienveillante indulgence que je ressens pour elle de profond respect… »

Puis, reprenant sa voix naturelle, Scipion ajouta :

— Et, après cela, que le diable m’emporte si, l’année suivante, ton ami Guizot, qui vénère les bons blagueurs, ne m’envoie pas ministre plénipotentiaire auprès de… la reine Pomaré… À propos, en voilà encore une que je t’ai fait faire l’année dernière à Mabille. Avoue que j’ai été superbe ! quand je lui ai dit : Rosita, je te présente papa… Nous souperons tous quatre avec Mogador… Mais pas de bêtises, je réponds de l’auteur de mes jours devant mes créanciers.

— Silence donc ! mauvais sujet, — dit le comte, — veux-tu bien ne pas parler ici de nos folies de garçon… nous, qui allons.. bientôt nous marier…

Malgré sa résolution, le comte ne put cacher une légère émotion, lorsque, jetant sur son fils un coup-d’œil à la fois inquiet et pénétrant, il prononça ces mots :

— Nous, qui allons bientôt nous marier…

Scipion regarda fixement son père, alluma lentement un second cigare, et lui dit :

  1. Prononcez : Roà.