Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/316

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perdras rien ; je t’assure, en toute propriété, cinquante mille écus de rente, le tiers de ma fortune, le jour de ton mariage. — Cette générosité de l’auteur de mes jours, qui me donnait, après tout, ce qui était ou serait à moi, parut me toucher de reconnaissance et me décider. Je dissimule toujours ; et d’abord, comme je soupçonne la petite Wilson d’avoir manigancé dans tout cela, et qu’il ne me plaît pas d’être fait au même, je redouble de protestations d’amour. Je parle à Raphaële de notre prochain mariage ; cela lui chauffe la tête ; j’en obtiens un rendez-vous, et, quoi qu’il arrive maintenant,… j’ai fait mes frais.

— Raphaële ! — s’écria le comte.

— Pardieu !!! — reprit Scipion avec une incroyable impudence en secouant du bout de l’ongle la cendre de son cigare. — Quant à toi, — reprit-il en jetant sur son père un regard sardonique, — je continuai de te dire : J’épouserai,… afin de voir le fond de ton jeu… Ça n’a pas été long ; atout : dame de cœur… Tu es fou de la mère, qui, abusant de ta jeunesse, a probablement mis pour condition à son mariage avec toi, que j’épouserais la fille… c’est touchant ! Partie carrée dans le goût de notre souper avec Mogador et Pomaré. Or, voici la moralité de la chose : Maintenant ma seule volonté peut te conduire à l’autel avec l’objet de tes vœux ; et Raphaële Wilson a été ma maîtresse… De toi ou de moi, qui est roué ?

— Ce n’est pas trop mal, — fit le comte en contraignant merveilleusement sa secrète épouvante. — Mais tu joues pour l’honneur, car, à quoi te sert d’avoir