dans quelque coin, après quarante ans de travaux de probité… c’est justice !…
— Hélas, oui ; c’est bien vrai que M. le comte est dans son droit envers nous…
— S’il est dans son droit ! je le crois bien… le prix de votre fermage vous écrase… La tanière où l’on vous a parqués est si malsaine, que vous y avez contracté des fièvres incurables… l’âge, le malheur, les infirmités vous ont énervés… allons… dehors, canailles, dehors, on vendra jusqu’à votre chemise ; heureusement votre peau vous tient au corps, sans cela l’homme du roi vous la prendrait… Mais que faire ? votre seigneur et maître est dans son droit….
— Hélas, oui !
— On ne saurait lui en vouloir, au comte Duriveau !
— Hélas, non !
— Hélas oui, hélas non ! — s’écria le braconnier avec un éclat de rire sardonique. — Voilà ce qu’ils répondent ; on les écorche à vif, que voulez-vous ? M. le boucher est dans son droit ;… la preuve, c’est qu’il nous arrache la peau…
— Comme vous dites cela, Monsieur Bête-puante ?
— C’est que le comte est un si digne homme, et son fils un si charmant jouvenceau ! Je les aime beaucoup, voyez-vous ? mais assez là-dessus. Il ne faut pas que le bonhomme Chervin se laisse abattre et s’alite ; il faut qu’il se lève, qu’il marche, qu’il prenne courage… la vente n’est pas faite, et d’aujourd’hui à demain… il y a loin.
— Comment voulez-vous que le bonhomme prenne