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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/392

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été jeté, pauvre orphelin abandonné, a presque fatalement causé ces déviations.

» Croyez-le, Sire, ce n’est pas pour satisfaire à votre bienveillante curiosité, si honorable qu’elle soit pour moi, que j’ai rassemblé ces pages, depuis si long-temps écrites, c’est dans l’espoir qu’elles vous confirmeraient peut-être davantage encore dans vos généreuses tendances.

» Bien humble, bien obscure… ou plutôt parce qu’elle a été bien humble et bien obscure… ma vie porte avec elle quelques enseignements ; l’histoire sincère d’un homme qui a vécu comme j’ai vécu, vu ce que j’ai vu, éprouvé ce que j’ai éprouvé, peut n’être pas stérile pour vous, Sire, car, dans bien des circonstances, cette histoire est aussi celle de l’immense majorité des hommes pauvres et abandonnés à eux-mêmes… c’est-à-dire l’histoire des diverses conditions où vit forcément le peuple…

» Agréez encore l’assurance de mon dévoûment, Sire ; le saint et grand devoir que j’ai à accomplir ici m’empêchera sans doute de quitter désormais la France : mais croyez, que je conserverai le souvenir de vos bontés, et que chaque jour je remercie Dieu de m’avoir mis à même de sauver une vie qu’il dépend de vous, de rendre chère et précieuse à l’humanité…

» J’ai l’honneur d’être,
» Sire,
» Votre très-humble serviteur,
» MARTIN. »

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