Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/408

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— Voilà mes enfants ! criait-elle en pleurant de joie…

Et, comme la clarté de la lune resplendissait beaucoup, la mère abritait ses yeux sous sa main, afin de n’être pas éblouie, tandis que, tout heureuse, elle tâchait de découvrir au loin la troupe d’enfants…

— Mais, chose étrange, le bruit augmentait toujours, se rapprochait toujours,… et la mère ne voyait rien.

— « Je crois bien, que vous ne voyez rien,… pauvre bonne mère, — disait Limousin d’une voix émue et avinée. Il avait raconté cette vision en s’interrompant de temps à autre par de longues pauses, — je crois bien, que vous ne voyez rien, ce n’est pas le piétinement d’une foule d’enfants que vous entendez, c’est comme un grand vol de milliers de petits oiseaux ; le bruit vient au-dessus de nos têtes… Tenez,… tenez,… les voilà,… la lune en est obscurcie… Ce sont vos enfants,… tiens… ils sont tous pâles et ailés… Les voilà, les chers petits ;… les voilà… il y en a des cent, il y en a des mille et des milliers… Les entendez-vous,… comme ils gazouillent en vous rasant de leurs ailes ?… en disant de leur petite voix douce : Adieu mère,… nous ne souffrons plus,… nous sommes délivrés… Oh !… tenez, pauvre bonne mère,… comme leur volée monte,… monte et monte encore, les voilà dans les nuages,… et si haut, si haut, qu’on ne les aperçoit plus que comme de petits points blancs au milieu des étoiles. Allons, bonne mère,… courage,… ils ne souffrent plus… Ah ! bigre !!…