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CHAPITRE III.


la rencontre.


À l’approche de la Levrasse, je voulus fuir, je n’en eus pas la force ; mes jambes alourdies se dérobèrent sous moi, je retombai au pied d’un arbre.

Bientôt, à travers la futaie largement espacée, je vis s’avancer le colporteur et son âne. Malgré la rigueur de la saison, la Levrasse était, selon sa coutume, une tête et coiffée à la Chinoise ; sa veste, de gros drap brun, tranchait sur sa vieille jupe d’un rouge sombre ; son âne, toujours aussi étrangement accoutré que son maître, disparaissait presque entièrement sous une énorme toile cirée noire, flottante, qui recouvrait les ballots du colporteur ; on eût dit un caparaçon de funérailles. Ainsi enharnaché, sa grosse tête velue, coiffée de longues oreilles chargées d’ornements de cuivre cabalistiques, me paraissait plus effrayante encore.

À chaque pas du colporteur vers moi, mon épouvante augmentait ; une seconde fois je voulus fuir ; mais, pétrifié de terreur, il me fut impossible de faire un mouvement. Un dernier espoir me restait : le crépuscule rendait déjà le jour douteux, quelque flocons de neige tom-