Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/43

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fait encore trois ou quatre bonds démesurés, et se prend à fuir de toute la vitesse de ses membres, raidis par la fatigue et par leur froide et récente immersion.

Grâce à un merveilleux instinct de conservation, naturel à tous les animaux chassés, le renard, par ces bonds énormes et successifs, interrompait, dans un rayon de trente à quarante pas, la voie d’odeur âcre et chaude que laissent après lui sur le sol avec leur empreinte, l’odeur de ses pieds, fortes émanations, fumées pénétrantes qui, saisissant le subtil odorat des chiens, les guident seules dans leur poursuite.

Le renard disparu, le braconnier sort brusquement de son affût, s’élance dans la clairière, se courbe vers la terre, la parcourt d’un œil scrutateur, reconnaît les fraîches empreintes des pattes du renard, et se hâte aussitôt de soigneusement effacer sous son pied ces traces partout où elles existent, détruisant ainsi par le foulement du sol, non-seulement l’empreinte, mais l’odeur résultant du passage de l’animal, venant de la sorte encore en aide à la fuite et aux ruses du renard, ou plutôt voulant, avant tout, éloigner les chiens, et conséquemment les chasseurs de cet endroit, si voisin de son repaire.

Les hurlements de la meute, les fanfares des trompes, de plus en plus proches, redoublent de sonorité ; de temps à autre s’y mêlent les cris et les appels servant de signaux aux traqueurs qui, des trois côtés différents, s’avancent à la recherche de Bamboche, le fugitif.

De plus en plus effrayé de ces menaçantes approches, le braconnier pénètre dans le taillis, par lequel le