Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/438

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Cette fois l’enfant ne cria pas, ce fut la femme qui, jurant et blasphémant, s’écria :

— Brigand de Bamboche… il m’a mordu au sang… Ce gueux-là est plus traître et plus méchant qu’un chat sauvage. Ah ! tu me mors, gredin… Viens… viens, je vas te donner la monnaie de ta pièce : mais dans la cave… car ici tes cris éveilleraient le petit nouveau.

Et après le bruit d’une faible lutte accompagnée de murmures et de cris étouffés qui allaient en s’éloignant, tout redevint silencieux.

Je frissonnais de tout mon corps ; le petit nouveau, c’était moi, sans doute.

Que faisait-on donc faire à cet enfant, lorsqu’on lui avait ordonné de cramper en cerceau ? que signifiaient ces mots étranges ? Cela était donc bien douloureux, puisque j’avais entendu ce petit malheureux presque suffoquer ? Un sort pareil m’attendait-il ?

Alors je me rappelai que, la veille, la Levrasse m’avait étrangement et attentivement palpé les membres, exploré la poitrine, en prononçant des mots incompréhensibles ; mon effroi augmentait d’autant plus qu’il s’agissait de choses inconnues, mystérieuses. Enfin cette maison solitaire, ces chevelures de toutes les couleurs pendues au plafond, cet enfant que, sans doute, l’on martyrisait dans une cave afin que ces cris ne parvinssent pas jusqu’à moi, toutes ces circonstances redoublèrent tellement mon épouvante, qu’oubliant mes vaines tentatives de la veille, je m’élançai vers la porte ; la trouvant fermée à double tour, je courus à la fenêtre, à travers laquelle commençait à poindre le jour naissant ; elle était grillée au dehors…