Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/448

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jour un si magnifique vêtement, me causa une certaine satisfaction.

— Quand, avec ça, tu seras orné d’un maillot couleur de chair, d’un caneçon à paillettes et de brodequins verts bordés de peau de chat, tu auras l’air d’un vrai chérubin, — ajouta la mère Major, — maintenant va trouver, si tu veux, Bamboche dans sa cave, sinon, joue dans la cour… je vous appellerai pour béqueter la pâtée.

La mère Major alla rejoindre la Levrasse, je restai seul dans une assez grande cour, entourée de hautes murailles délabrées, mais solidement fermée par une lourde porte. Sur cette cour s’ouvraient les fenêtres de la maison d’assez misérable apparence ; sous un hangar était une grande et longue voiture, qui servait sans doute aux pérégrinations de la Levrasse et de sa troupe, lorsqu’elle était au complet.

La hauteur des murs m’empêcha de voir si cette demeure attenait ou non à un bourg, à un village ou à d’autres habitations.

Abandonné à mes réflexions, je ne pensai qu’à cet enfant dont la mère Major venait de me parler, et dont j’avais entendu les cris. Si pénible que dût être ma nouvelle existence, elle ne pouvait guère être plus rude, plus misérable que par le passé, et d’ailleurs ne la partagerais-je pas avec un enfant de mon âge ? À cette seule pensée de trouver enfin un compagnon, un ami… la condition la plus dure me semblait supportable.

J’avais été jusqu’alors si malheureux dans mes tentatives d’affection, que la rencontre de Bamboche, dans les circonstances où elle se présentait, doublait de prix