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Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/65

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résonner l’acier de son éperon sur l’acier de son étrier qu’il avait chaussé jusqu’au cou-de-pied ; suivant, dans l’air, les légers tourbillons de fumée qu’il lançait de son cigare, ne disant pas un mot ni à Mme Wilson ni à sa fille, auprès de laquelle il se tenait alors.

Profitant d’un moment où sa mère, intéressée par les divers incidents de la chasse, détournait la tête, Raphaële approcha son cheval de celui de Scipion, et, la figure navrée, lui dit, d’une voix basse et tremblante :

— Scipion,… qu’avez-vous contre moi ?…

— Rien,… — dit le vicomte, sans discontinuer de suivre en l’air les légères spirales de la fumée bleuâtre de son cigare.

— Scipion, — reprit la jeune fille d’une voix altérée, suppliante, et contenant à grand’peine les larmes qui lui vinrent aux yeux, — Scipion, pourquoi cette froideur,… cette dureté… Que t’ai-je fait ?…

— Rien,… — répondit le vicomte avec le même flegme dédaigneux.

— Lisez cela et peut-être… vous aurez pitié… — dit la jeune fille en glissant précipitamment dans la main de Scipion un petit billet, que depuis quelques instants elle avait tiré de son gant.

Le vicomte mit nonchalamment le billet dans la poche de son gilet, et voyant que Raphaële allait encore lui parler, il haussa la voix, et, s’adressant à Mme Wilson, qui suivait alors, avec une attentive curiosité, les évolutions des chiens, il s’écria :

— Dites donc, Madame Wilson, est-ce que vous trouvez cela très-amusant, la chasse ? Avouez que c’est