Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/87

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du bout de son fouet de chasse, il suivit insoucieusement les traces du comte.

Après avoir descendu huit ou dix marches grossièrement taillées dans la terre, le père et le fils se trouvèrent au milieu d’une grotte assez spacieuse creusée naturellement au milieu des roches, dont la partie supérieure s’élevait en masses abruptes au milieu du taillis. Parmi ces rocailles extérieures, le hasard ou la main de l’homme avait ménagé une ouverture à demi voilée par le lierre et par les ronces ; elle communiquait à la tanière et lui donnait suffisamment d’air et de jour. Ce rayon lumineux, joint à la pâle clarté d’une petite chandelle de résine, jetait une lueur étrange, funèbre, à la clarté de laquelle le comte Duriveau aperçut un tableau qui le fit tressaillir et reculer d’un pas.

Bamboche aussi avait tressailli d’émotion à la vue du même tableau ; mais à cette émotion s’était joint, chez le fugitif, un souvenir qui l’avait frappé de douleur et d’épouvante.

Au fond de la grotte, exhaussé sur une sorte de plateforme faite de pierres amoncelées, on voyait un berceau tressé en jonc de marais, et dans ce berceau, jonché de fraîches bruyères d’un rose vif, un petit enfant mort tout récemment ; sa pose était si calme, son coloris si blanc et si frais, qu’on aurait dit qu’il dormait ; il devait avoir vécu un mois environ ; au pied du berceau brûlait, sans doute comme flambeau de funérailles, une chandelle de résine.

La pénombre de ce repaire permettait d’apercevoir, dans un coin, une caisse de bois, servant de