Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/90

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et surtout vertueux mortels ! voilà ce que vos filles font de leurs enfants… quand ils les gênent.

Et il posa le berceau sur un quartier de roche.

Pendant la disparition momentanée du comte Duriveau, Latrace, cédant aux instances de Mme Wilson, était allé quérir M. Beaucadet et quelques-uns de ses gendarmes ; le sous-officier arrivait suivi de deux hommes, et descendait de cheval au moment où le comte adressait, aux paysans rassemblés, sa terrible apostrophe.

— Un petit enfant mort !… — s’écrièrent les paysans, en se reculant effrayés, après avoir jeté un regard sur le berceau.

— Oh ! ma mère,… c’est affreux, — murmura Raphaële, en se jetant dans les bras de Mme Wilson.

— Ah ! Monsieur,… et ma fille, — s’écria Mme Wilson, en s’adressant au comte avec un accent de douloureux reproche.

Trop tard Duriveau sentit la cruelle inconvenance de son action.

— Un in-fan-ti-cide, — dit M. Beaucadet, en scindant certains mots, selon son habitude, lors de graves circonstances, — un in-fan-ti-cide, — répéta-t-il, en fendant le cercle de paysans pour s’approcher du berceau dont il s’empara, — minute,… ça me connaît, c’est de mon ressort.

Puis, regardant attentivement le corps de l’enfant, et apercevant un objet que le comte n’avait pu distinguer dans la demi-obscurité de la tanière, le sous-officier s’écria :