Page:Sue - Martin l'enfant trouvé.djvu/99

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Un homme d’une obésité énorme, presque nu, car il n’était vêtu que d’une chemise et d’un caleçon souillés de boue, se précipita au milieu de la clairière, les traits bouleversés par l’épouvante, en redoublant ces cris :

— Au secours ! à l’assassin ! défendez-moi ! sauvez-moi !

Malgré l’effroi de cet homme, sa figure, son accoutrement, sa tête absolument dépouillée de cheveux, car M. Dumolard, on l’a sans doute reconnu, cachait sous une perruque noire sa complète calvitie, son embonpoint ridicule lui donnaient une si grotesque apparence, que les violents ressentiments dont le vicomte et son père avaient failli être victimes, se changèrent en un irrésistible besoin d’hilarité.

À l’aspect de Beaucadet, revêtu de son uniforme, Dumolard, voyant sans doute en lui l’incarnation de la justice protectrice et vengeresse, se jeta dans les bras du gendarme avec une telle violence, que le sous-officier faillit à être étouffé et renversé.

— Par-ti-culier trop peu nippé, — disait Beaucadet en tâchant de se soustraire aux étreintes convulsives de Dumolard, — vous êtes indécent… il y a des fâmes,… retirez-vous, couvrez-vous… et expliquez-vous.

— Sauvez-moi, gendarme ! défendez-moi ! vengez-moi ! — criait à tue-tête M. Dumolard.

— Mais, malheureux sans-culotte !! je vous dis qu’il y a des fâmes !… — répétait Beaucadet, — vous êtes donc un gros dépravé, que vous vous costumez aussi peu que ça pour courir les bois.

— Il m’a pris mon habit, mon gilet, ma culotte et