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Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/113

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Un dernier, un mortel chagrin était réservé à ma mère ; elle s’aperçut que la tendresse de mon père pour moi s’affaiblissait de plus en plus ; il m’accordait quelques caresses rares et distraites en disant avec regret, dans son orgueil de patricien héréditaire : « Quel dommage que ce ne soit pas un garçon ! »

Bientôt, à la froideur que mon père me témoignait succéda une complète indifférence.

Ma mère ne put supporter ce nouveau coup ; elle languit quelques mois encore, et mourut.

J’ai bien souvent et bien amèrement pleuré, en entendant ma gouvernante me raconter les derniers moments de la meilleure des mères ; les terreurs que lui inspirait mon avenir, ses craintes, hélas ! trop justifiées de me voir tomber entre les mains de mademoiselle de Maran.

Ma mère connaissait la faiblesse de mon père. Elle fit jurer à ma gouvernante de ne jamais me quitter. Elle fit aussi promettre à mon père de la conserver près de moi. — « Hélas ! je ne le prévois que trop, ma pauvre Mathilde n’aura que vous au monde — dit ma mère à Blondeau. — Ne l’abandonnez pas. »