Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/147

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tais bien étonné aussi que vous ne m’eussiez pas encore traité de Jacobin ou de bonapartiste, ce qui, pourtant, ne va guère ensemble. Je sais que vous êtes assez perfide pour me susciter dans le conseil une question de parti, à propos de ma réclamation. Je sais que vos parents ultras y sont en grand nombre. Je sais qu’ils suivent aveuglément vos avis, et il est probable qu’ils feront dans cette circonstance, comme dans toute autre, un usage criminel de leur majorité.

En m’embrassant avec tendresse et émotion, M. de Mortagne ajouta tristement :

— Pauvre enfant !… Pauvre France !

— Ah ! mon Dieu ! voyez donc comme c’est à la fois superbe et touchant ! s’écria ma tante en riant aux éclats de son rire aigre et insolent. — Ah ! mon Dieu ! voyez-vous ce pharamineux rapprochement…… pauvre enfant ! pauvre France ! Le tendre Saint-Just disait de ces jolies bergerades là au club des Cordeliers, je crois ; ce qui ne l’empêchait pas du tout de vous faire couper le cou le lendemain. Oui, oui, je vois bien à votre colère, Monsieur, que si cela dépendait de vous, vous me traiteriez à la façon de ses pauvres frères et amis. Car en