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Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/153

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Mortagne par des murmures et par des interruptions ; leurs regards tournés vers ma tante semblaient la prendre à témoin et protester contre la brutalité du langage de mon protecteur.

Celui-ci, parfaitement indifférent à ces rumeurs, haussa les épaules de temps en temps, attendit que le bruit eût cessé pour recommencer de parler, et ne modifia en rien son langage.

Il lui fallait véritablement du courage pour s’attaquer ainsi à mademoiselle de Maran ; placée, entourée comme elle l’était, elle pouvait trouver mille moyens de lui nuire, de se venger… Hélas ! elle ne prouva que trop à M. de Mortagne que la haine qu’elle lui portait était implacable.

J’étais alors bien enfant, je me souviens pourtant d’un fait qui me frappa malgré son insignifiance, et qui maintenant a toute sa valeur à mes yeux.

Pendant ce débat, la physionomie de ma tante n’avait trahi aucune émotion ; elle tenait dans ses mains une longue aiguille à tricoter…

À mesure que M. de Mortagne parlait, ma-