Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/16

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— C’est bien vrai… monsieur Godet ; mais par quel motif avez-vous donc ce bandeau sur l’œil ?

— M’y voici, ma chère dame Lebœuf. Hier j’appelai mon frère, mon digne frère ; je lui dis : — Dieudonné, il faut que cet abus intolérable ait une fin ; il faut, dussions-nous y laisser notre vie, il faut que nous sachions quel est cet aventurier. Je ne te le cache pas, mon frère, dis-je à Dieudonné, c’est pour moi une question de santé. Depuis trois mois que ce coureur habite ce quartier, depuis que je cherche en vain à savoir ce qu’il est, ce qu’il fait, je ne vis pas, je suis dévoré d’inquiétudes ; j’ai des rêves atroces, des cauchemars abominables. Je ne pense qu’à ce mystérieux inconnu. C’est à ce point que mes fonctions physiques s’en altèrent. Oui, ma pauvre madame Lebœuf, c’est comme j’ai l’honneur de vous le confier, mes fonctions s’en altèrent. Aussi me suis-je dit : Godet, tu ne seras pas assez bourreau de toi-même pour creuser la tombe pour le bon plaisir de cet aventurier ! Ce mystère t’agite outre mesure, Godet ! Eh bien ! dévoile ce mystère, et tu seras digne de