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Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/217

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causions, nous lisions, nous faisions de la musique jusqu’à l’heure du thé.

Jamais nous n’assistions aux soirées de mademoiselle de Maran ; elle y recevait peu de femmes : celles qu’elle voyait étaient généralement de son âge.

Vous concevez, mon ami, qu’habituées, comme nous l’étions à cette vie monotone, nous devions être un peu éblouies de la perspective de bals et de fêtes que ma tante venait de nous ouvrir.

En apprenant cette nouvelle, notre premier mouvement fut joyeux ; peu à peu la réflexion amena des pensées mélancoliques.

Je passai dans une agitation singulière la nuit qui précéda le bal. À mesure que le jour de cette fête approchait, je me sentais de plus en plus triste et accablée. Je n’avais pas eu le bonheur de jouir de la tendresse de ma mère… je ne la regrettai peut-être jamais davantage qu’à cet instant.

L’expérience m’a prouvé que mon instinct ne m’avait pas trompée : c’est surtout lorsque nous entrons dans le monde que la sollicitude