Je fus choquée de cette visite si prompte, il me sembla y voir un manque de tact ; je résolus de refuser de descendre dans le cas où mademoiselle de Maran m’en ferait prier sous un prétexte quelconque.
Nous entendîmes un roulement de voiture ; Blondeau courut à la fenêtre et dit : — Ah ! voilà déjà ce jeune homme qui repart, sa visite n’aura pas été longue.
Je fus soulagée d’un grand poids ; je regrettai presque de n’avoir pas eu à refuser de descendre auprès de mademoiselle de Maran.
Un peu avant dîner, nous allâmes rejoindre ma tante dans le salon ; elle s’y trouvait seule et semblait très en colère.
— Eh bien ! — nous dit-elle, — vous ne savez pas un nouveau trait de cet abominable brise-tout de M. Bisson ? Mais, Dieu merci, il ne remettra plus les pieds ici.
— M. Bisson a encore cassé quelque chose, ma tante ?
— Comment ? s’il a encore cassé quelque chose… eh ! mais sans doute, et cela, c’est la faute de cet imbécile de Servien ! — s’écria ma tante avec un redoublement de fureur. —