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Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/273

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Lancry me troublait, si je ressentais pour lui quelqu’intérêt. Il me sembla qu’il m’était absolument indifférent ; je m’étonnais seulement d’avoir été désagréablement affectée en le voyant danser avec madame de Richeville.

Par cela même que la cause de cette dernière impression me paraissait inexplicable, je m’obstinais à la découvrir, j’y parvins… La remarque d’Ursule m’avait mise sur la voie.

J’ai toujours cru que les femmes n’avaient souvent de caractère arrêté qu’après avoir aimé.

Les premières impressions, ou, si cela se peut dire, les premiers intérêts de l’amour une fois en jeu, une fois sollicités, éveillent, développent, exaltent certaines facultés de l’âme, nobles ou dangereuses, qui peu à peu envahissent toutes les autres.

Ainsi, à dix-sept ans, je n’avais aucune bonne ou mauvaise qualité dominante ; il eût été, je crois, difficile de particulariser, de préciser mon caractère.

J’étais tour à tour humble et orgueilleuse à l’excès, parce que dans ma jeunesse, on m’avait tour à tour flattée jusqu’au ridicule, ou