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Page:Sue - Mathilde, tome 1.djvu/275

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jusqu’alors complètement ignorée commença de poindre en moi : d’abord imperceptible, presque insaisissable, puisqu’elle se manifestait par une vague contrariété de voir un homme que je connaissais à peine valser avec une femme que je ne connaissais pas.

Hélas ! je n’ai pas besoin de le dire, cette passion, qui devait un jour déchaîner toutes les autres, devenir presque le mobile de mon caractère, cette passion était la jalousie, la jalousie tantôt contrainte, cachée, niée par orgueil, tantôt avouée, éplorée, humble et suppliante jusqu’à la bassesse. ......

....Habituée dès mon enfance à beaucoup réfléchir et à me plier sur moi-même, ayant une imagination assez vive, un esprit assez pénétrant, je ne fus pas longtemps à résoudre cette question que ma cousine m’avait posée :

Pourquoi m’a-t-il été plus désagréable de voir M. de Lancry danser avec madame de Richeville qu’avec toute autre ?

Pourtant, je le répète, en trouvant M. de Lancry très agréable, je ne ressentais rien qui me parût ressembler à l’amour, à ces pre-